Les trois raisons qui expliquent le passage en force du gouvernement sur le stockage des déchets nucléaires – L’Usine de l’Energie

Les trois raisons qui expliquent le passage en force du gouvernement sur le stockage des déchets nucléaires

Source : Les trois raisons qui expliquent le passage en force du gouvernement sur le stockage des déchets nucléaires – L’Usine de l’Energie

Le gouvernement a inscrit le projet Cigeo dans la loi Macron qui sera adoptée via l’article 49-3. Les opposants crient au déni de démocratie. Pour sa part, le gouvernement suit l’avis des experts qui n’envisagent pas d’autres possibilités pour gérer les déchets nucléaires. De plus, il veut éviter que le projet ne ressorte en 2017 en pleine campagne présidentielle.

Finalement ! Le projet d’enfouissement profond de déchets nucléaires va être inscrit dans la loi Macron. Elle sera adoptée sans vote des parlementaires via l’article 49-3. A la manoeuvre, le gouvernement, qui va donc au conflit avec EELV, très fortement opposé à ce projet. Et surtout, il passe outre la très forte opposition locale qui s’est vivement mobilisée lors du débat public en 2014, au point d’empêcher son bon déroulement.

Cigeo (Centre industriel de stockage géologique) a pour objectif d’enterrer les déchets nucléaires à très longue durée de vie à 500 mètres de profondeur dans des couches d’argile très stables. Ce centre d’enfouissement, dont la sécurité doit être passive (c’est-à-dire fonctionnellle même sans intervention humaine) sur un million d’années, doit permettre de stocker 3 000 mètres cubes de déchets à haute activité et 40 000 mètres cubes de déchets à moyenne activité, produits par le parc de 58 réacteurs nucléaires français et par l’EPR de Flamanville (Manche) qui devrait entrer en service en 2017. Le début de la construction est prévu pour 2020.

1. Parce qu’il n’y a pas aujourd’hui d’alternative, selon les experts

Selon les experts de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), en charge du projet Cigeo, la solution de stockage géologique est la seule possible. Le président Pierre-Marie Abadie insiste: « Il y a un consensus européen sur le stockage géologique. Lui seul permet d’assurer de ne pas mettre les populations en contact avec les déchets à des horizons de temps où l’on perd la mémoire du site. C’est une solution qui ne nécessite aucune surveillance ! » La Finlande, la Suède ou la Belgique ont choisi des solutions similaires. Les Allemands et les Américains avaient déjà stocké des déchets en profondeur mais des malfaçons dans les colis radioactifs et les installations avaient conduit à des incidents. Pour les opposants, à commencer par Europe Ecologie les verts (EELV), qui dénoncent ce passage en force du gouvernement, une solution alternative est le stockage en subsurface, à très faible profondeur, qui présente l’intérêt de faciliter la récupération. Que se passe-t-il si on ne maîtrise plus ces déchets pour une raison économique ou géopolitique ? Sur des centaines de milliers d’années, une surveillance permanente ne peut être envisagée. Seul un coffre-fort géologique profond est assez robuste pour assurer un confinement », affirme l’IRSN. Pour l’heure, ces déchets sont stockés au centre de traitement de la Hague et sur le site des 19 centrales françaises.

2. Parce que le gouvernement ne veut pas polluer la campagne présidentielle de 2017

Le projet Cigeo a besoin d’une loi avant 2017. Ce qui peut sembler loin sur le plan calendaire ne l’est pas à l’échelle législative. D’autant plus que le gouvernement ne veut pas laisser traîner un sujet si sensible, au risque qu’il soit au cœur de l’actualité en 2017, en pleine campagne présidentielle. Cette loi soulève des questions de réversibilité (c’est-à-dire la possibilité d’aller rechercher les colis enterrés pendant une période donnée) qui demanderont de définir des solutions techniques dont le coût pèsera sur le devis de Cigeo, qui reste encore la grande inconnue du projet. L’enfouissement des déchets devrait durer un siècle. L’Andra doit indiquer le coût du projet sur toute cette période, en prenant en compte les données techniques mais aussi les éléments fiscaux, les salaires, les coûts d’exploitation…). Le dernier chiffrage s’élève à 16,5 milliards d’euros. Mais cela ne correspond pas au design définitif. Une nouvelle estimation pourra être faite après la prise en compte des nouvelles dispositions techniques et avant le début du chantier prévu en 2020. le projet est financé à 78 % par EDF , 17 % par le CEA et 5 % par Areva.

3. Parce que les débats se déroulent mal

Si le gouvernement passe en force, c’est aussi parce qu’aucun débat ne réussit à aboutir. A l’image du débat local qui avait complétement échoué en 2014, les débats entre parlementaires ne vont pas plus loin. Le projet Cigeo a été inscrit dans la loi Bataille de 1991 mais a rarement été discuté depuis à l’Assemblée. Il a été abordé deux fois au Parlement en 2014, pendant le débat sur la transition énergétique, avant d’être précipitamment mis de côté par la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie Ségolène Royal. Cigeo était également présent dans la première version de la loi Macron avant d’en être effacé sous la pression d’EELV. Le gouvernement a décidé à la surprise de tous de le réintégrer juste avant l’adoption de cette loi.

 

Ludovic Dupin

EDF – Areva : un accord pour le rapprochement validé in extremis – L’Usine de l’Energie

EDF – Areva : un accord pour le rapprochement validé in extremis

Source : EDF – Areva : un accord pour le rapprochement validé in extremis – L’Usine de l’Energie

Un jour avant le terme du délai imparti à Areva et EDF pour trouver un compromis quant à la cession de la branche « réacteur » du géant du nucléaire, les deux groupes viennent d’annoncer la signature d’un protocole non engageant, ce jeudi 30 juillet. Le document a été approuvé par les conseils d’administration des deux entreprises.

C’est à l’occasion de la présentation respective des résultats semestriels des deux énergéticiens français, que l’annonce de la signature d’un protocole d’accord entre EDF et Areva pour le rachat de l’activité réacteurs d’Areva NP par EDF a été officialisée. Depuis plusieurs semaines, les deux fleurons de l’industrie française, ont tenté âprement d’aboutir à un accord, en vue d’éviter le crash pour Areva. Mardi 28 juillet, grâce à nos confrères du journal Le Monde, on apprenait qu’un protocole d’accord, suivant l’arbitrage de l’Etat rendu le 3 juin dernier, venait d’être acté et qu’il serait officialisé ce jeudi 30 juillet lors de la présentation aux investisseurs des résultats d’EDF et d’Areva.

Chose faite donc puisqu’Areva confirme la séparation de ses deux activités dans un communiqué. La construction et la maintenance des réacteurs d’une part, et la fourniture et le retraitement de combustible nucléaire d’autre part. « Nous nous donnons un objectif clair à l’horizon 2017 : transformer Areva en une entreprise compétitive et recentrée sur son cœur de métier, le cycle du combustible nucléaire, où elle possède un capital industriel et humain unique au monde », annonce alors l’énergéticien.

une transaction à 2,4 millions d’euros

EDF, client principal d’Areva, reprendra, selon les termes de l’accord, la composante « réacteurs » par l’acquisition d’au moins 75% de l’entité Areva NP pour 2 milliards d’euros ainsi que d’autres actifs pour 400 millions d’euros. Le prix initial fixé à 2 milliards d’euros ayant été jugé trop bas par les dirigeants d’Areva, l’apport des nouveaux actifs est finalement venu garnir le panier de la mariée pour un total de 2,4 milliards d’euros.

Par ailleurs, le protocole d’accord précise qu’Areva conserverait une participation stratégique dans la branche Areva NP d’au plus 25 % à laquelle seraient associés des droits de gouvernance adaptés à la qualité d’actionnaire minoritaire stratégique d’Areva.

« Conformément aux orientations fixées par l’Etat, le nouveau rapprochement entre EDF et Areva sera de nature à améliorer l’efficience de notre coopération et à accroître les chances de succès de nos grands projets nucléaires à l’international », précise EDF dans son rapport d’activité du premier semestre 2015.

Un objectif de finalisation fixé courant 2016

En dehors du rachat de la branche Areva NP par EDF et de la prise en compte des orientations fixées par François Hollande au mois de juin, d’autres éléments ont été précisés par Areva quant à la feuille de route stratégique du géant de l’atome.  Les termes du partenariat stratégique entre Areva et EDF vont devoir être définis, et une coentreprise pour la conception, la gestion de projets et la commercialisation des réacteurs neufs devrait voir le jour. Le protocole d’accord officialisé ce jour n’est donc que le préalable à de nouvelles discussions structurantes pour les deux « nouveaux amis ». « L’objectif des parties est de réaliser cette opération courant 2016 après obtention des autorisations réglementaires et levée des autres conditions suspensives de l’opération », selon le communiqué d’Areva, qui annonce par ailleurs l’arrivée de Bernard Fontana à la présidence d’Areva NP.

Un plan de transformation global d’Areva

Le groupe nucléaire, lesté de son activité la plus fragile, confirme par ailleurs le maintien du cap de son « plan de performance ». Notamment son objectif de réduction d’emplois de 5 000 à 6 000 pour l’ensemble du groupe, donc 3 000 à 4 000 emplois pour la France, d’ici fin 2017. Areva annonce également l’ouverture du livre II du dialogue avec les syndicats au mois d’octobre. L’entreprise entend atteindre 1 milliard d’euros de gains opérationnels par rapport à 2014 et souhaite renforcer ses accords commerciaux avec EDF sur l’uranium naturel, la conversion, l’enrichissement, ou encore le traitement-recyclage.

Aurélie M’Bida

Assemblée nationale ~ Compte rendu de réunion de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Source : Assemblée nationale ~ Compte rendu de réunion de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Mercredi 6 février 2013

Séance de 9 heures 30

Compte rendu n° 34

Présidence de M. Jean-Paul Chanteguet Président

– Audition, ouverte à la presse, de M. Jean-Marc Jancovici sur le changement climatique et la transition énergétique

– Information relative à la commission

Commission
du développement durable et de l’aménagement du territoire

La Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire a entendu M. Jean-Marc Jancovici sur le changement climatique et la transition énergétique.

M. le président Jean-Paul Chanteguet. J’ai le plaisir d’accueillir M. Jean-Marc Jancovici pour sa première audition devant la commission du développement durable. Nous le recevons dans le cadre du débat sur la transition énergétique. Professeur à Mines ParisTech, expert reconnu sur les questions climatiques et énergétiques, auteur – et développeur principal – du bilan carbone pour le compte de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), vous avez créé en 2007, avec Alain Grandjean, le cabinet de conseil Carbone 4. Par ailleurs, vous siégez au Conseil économique, social et environnemental (CESE) et au comité de la veille écologique de la Fondation Nicolas-Hulot.

M. Jean-Marc Jancovici. Je vous remercie de prendre le temps de cet échange. Je n’ai certes jamais été auditionné par cette commission, mais j’ai participé à la mission de l’Assemblée nationale sur l’effet de serre que présidait, sous la législature précédente, M. Jean-Yves Le Déaut et dont Mme Nathalie Kosciusko-Morizet était rapporteure.

Sans énergie, le monde moderne n’existerait pas. La hausse du pouvoir d’achat, l’urbanisation, la tertiarisation, la mondialisation, le temps libre, les retraites, les études longues, les 35 heures et tous les acquis sociaux ont pu se développer grâce à l’énergie. Or, cette dernière se trouve dorénavant en quantité insuffisante pour que le travailleur français puisse maintenir son niveau de consommation. Que faire pour que cette situation ne dégénère pas en instabilité sociale forte ?

La production mondiale ne dépend que de l’énergie disponible. Toute contrainte sur le volume de l’énergie – et non sur son prix – se répercute sur le PIB. MM. Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont trompés : en annonçant la progression du pouvoir d’achat en 2007 pour le premier, en prédisant la reprise de la croissance en 2012 pour le second, ils pensaient que leur volonté pouvait prévaloir sur la physique. Dorénavant, l’Europe ne connaîtra plus de croissance : son cycle économique est appelé à reposer sur l’alternance d’une année de récession suivie d’un faible rebond. La croissance continue ne reviendra plus, car l’approvisionnement énergétique de l’Europe est déjà restreint : le gaz et le pétrole fournissent les deux tiers de la consommation énergétique européenne. Ainsi, tout plan prévoyant de nouvelles dépenses financées par un surplus de croissance échouera. L’avenir doit être pensé dans un environnement sans croissance.

Dans un tel cadre, il convient de veiller au puissant effet d’éviction des dépenses inutiles : engager des dizaines milliards d’euros pour des panneaux photovoltaïques revient à se priver de financement pour des actions véritablement utiles. Les énergies fossiles sont trop abondantes pour sauver le climat, mais trop rares pour relancer l’économie européenne. Il va être difficile de convaincre les pays détenteurs de charbon de ne pas l’utiliser dans un contexte de stagnation économique. L’Allemagne a emprunté cette voie. La hiérarchie des mérites et des nuisances varie selon la finitude ou l’infinitude de la disponibilité des ressources, puisque le poids des contraintes diffère en fonction de la source d’énergie.

Les modèles macroéconomiques d’aujourd’hui bouclent leurs équations par les prix et reposent sur des élasticités constantes entre prix et volumes. Ils sont devenus inopérants et n’ont pas permis d’anticiper la crise de 2007. Portons notre attention sur les volumes et non sur les prix ! Pour le pétrole, par exemple, l’élasticité entre prix et volume n’existe plus ; il n’est plus possible de déduire la quantité de pétrole produite à partir de son prix. Et c’est bien la quantité qui importe pour l’économie, non le prix.

En revanche, le pétrole nécessaire à la création d’un euro de PIB décroît en volume. De même, la part de l’énergie dans le budget des ménages diminue depuis quarante ans ; elle se situe à un niveau inférieur à celui qu’elle atteignait avant le premier choc pétrolier. De plus en plus de pétrole, de gaz et de charbon sont extractibles. Mais en conclure que le progrès technique et des politiques courageuses permettraient d’atteindre n’importe quel but néglige le principe de réalité. L’énergie correspond à une grandeur physique qui caractérise le changement d’état d’un système. Ce processus obéit à des lois qui ne souffrent aucune exception. Ainsi, quand le monde change, l’énergie intervient. Là où l’économiste mesure la transformation de l’activité par une valeur ajoutée libellée en monnaie, le physicien évalue la quantité de kilowattheure nécessaire à cette mutation. De fait, il ne peut y avoir d’énergie propre, puisque l’énergie exige la transformation, alors que la propreté induit l’immuabilité. Il s’agit d’en user en permettant aux avantages de surpasser les inconvénients.

Une personne bien entraînée, capable de gravir le Mont-Blanc un jour sur deux, produit avec ses muscles environ 100 kilowattheures d’énergie mécanique par an. Si un individu était payé au SMIC pour accomplir cette formation d’énergie, le kilowattheure coûterait entre plusieurs centaines et quelques milliers d’euros. Les énergies fossiles ont permis de réduire ce prix. Un litre d’essence correspond environ à 10 kilowattheures, ce qui permet une énergie mécanique mille à dix mille fois moins chère que le coût du travail en Occident. En 1860, une personne disposait chaque année de 1 500 kilowattheures d’énergie – surtout thermique, charbon et bois – ; elle les utilisait pour le chauffage, la métallurgie, le bateau à vapeur et le train. Cette quantité n’a cessé d’augmenter pour atteindre 20 000 kilowattheures.

Dans cette énergie extraite de l’environnement, le charbon n’a jamais décru et toutes les nouvelles sources d’énergie – pétrole et gaz dans un premier temps – sont venues s’ajouter à l’existant sans le remplacer. Quant à l’éolien, au biogaz, au photovoltaïque et à la géothermie, leur poids est infinitésimal. Ainsi, même une baisse limitée du pétrole, du gaz ou du charbon sera très difficilement compensée par ces énergies nouvelles. Le charbon constitue le premier mode de production de l’électricité et les deux tiers de sa consommation se font en ce sens. Voilà pourquoi cette dernière n’a jamais diminué. Le pétrole, lui, sert avant tout pour les transports.

Pendant plus d’un siècle, la consommation énergétique de chacun a crû de 2,5 % par an afin de réaliser les infrastructures de transport, l’urbanisation, la mutation de l’agriculture, l’essor industriel et les systèmes sociaux. Depuis 1980, cette hausse s’est tarie ; elle ne résulte plus que du charbon et de la Chine. Les chocs pétroliers ont constitué une rupture radicale dans l’approvisionnement énergétique qui a, à son tour, engendré le chômage et l’endettement, problèmes qui n’existaient pas en 1974. Là encore, le problème ne réside pas dans le prix mais dans le volume.

Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, chacun dispose d’une énergie équivalente à celle de 200 esclaves. Sans les énergies fossiles, nous aurions besoin de deux cents planètes sur lesquelles 7 milliards de personnes produiraient de l’énergie pour maintenir notre niveau de vie actuel. Nous pouvons nous consacrer aux affaires publiques uniquement parce que l’énergie a remplacé la force de nos muscles.

Ce progrès s’est accompagné d’une croissance démographique exponentielle. Au moment où l’humanité s’est sédentarisée, la population mondiale ne dépassait pas quelques millions d’habitants ; elle atteignait 500 millions de personnes au début de la révolution industrielle et dépasse maintenant les 7 milliards, progression fabuleuse en seulement huit générations.

La consommation globale d’énergie a explosé : entre 1945 et le premier choc pétrolier, la consommation d’énergie mondiale a crû, en moyenne, de 5 %. Ensuite, elle a décéléré et diminuera bientôt. Elle provient, pour une part s’élevant à 80 %, de combustibles fossiles, restes de vie ancienne – fougères du carbonifère pour le charbon, algues et planctons pour le gaz et le pétrole. Même l’électricité est massivement fossile : la production française actuelle se monte à 550 térawattheures, soit à peine moins que la consommation mondiale en 1945. La généralisation de l’électricité date donc véritablement de la seconde moitié du XXe siècle. En 1973, les combustibles fossiles représentaient les trois quarts de la production électrique ; cette part s’est réduite aux deux tiers en 2007. Au cours de cette période, c’est de très loin le charbon qui a connu la progression la plus soutenue. Actuellement, la Chine installe une centrale à charbon par semaine et des capacités de production de 150 à 200 gigawatts sont en construction – à rapporter avec la capacité totale de la France qui ne dépasse pas 100 gigawatts. Après le charbon, l’énergie ayant connu la plus forte hausse est le gaz. Viennent seulement ensuite l’hydroélectricité et le nucléaire.

Le bois fournit 10 % de l’énergie mondiale. Il n’est, dès à présent, plus totalement renouvelable, puisqu’une partie de cette énergie correspond à de la recherche de bois de feu autour des villes africaines qui engendre de la déforestation. L’hydroélectricité représente l’essentiel des capacités d’énergies renouvelables en construction dans le monde, loin devant l’éolien. Ce dernier, même compté en équivalent primaire, ne produit pas 1 % de l’énergie mondiale. Les agrocarburants ne dépassent pas 0,4 % : quand le monde absorbe 4 milliards de tonnes de pétrole, il ne consomme que 60 millions de tonnes d’agrocarburants. Pour élaborer leurs agrocarburants, les États-Unis utilisent 40 % de leur maïs – soit la même part que celle qu’ils destinent à l’alimentation animale. En Allemagne, certains producteurs insèrent leur maïs directement dans les méthaniseurs pour favoriser la fabrication de biogaz. Enfin, le photovoltaïque contribue pour 0,1 % à la production énergétique mondiale.

Une fois observé ce panorama, je tiens à préciser que le terme de « production » d’énergie est impropre. L’action de l’homme consiste en effet à extraire l’énergie dite primaire de l’environnement, avant de la transformer en énergie finale qu’il pourra consommer.

La France, comme ses voisins, consomme une énergie provenant de combustibles fossiles. Son électricité provient, en très grande partie, du nucléaire. Mais il est faux d’affirmer que toute l’énergie française est nucléaire. Cela ne peut se dire que de l’électricité. L’essentiel de l’usage de l’électricité n’est pas thermique, mais spécifique, à savoir qu’il sert à alimenter des appareils – réfrigérateurs, pompes, lave-linge, lave-vaisselle, ascenseurs – non producteurs de chaleur. Or limiter cette utilisation s’avère plus difficile que de restreindre le besoin de chaleur.

L’emploi d’énergies renouvelables en France répond à la même hiérarchie que celle constatée dans le monde : d’abord le bois, puis l’hydroélectricité, puis l’éolien et, enfin, le photovoltaïque. Ces deux dernières sources d’énergie satisfont respectivement 0,35 % et 0,07 % de la demande d’énergie.

L’énergie a modifié la structure des métiers. Il y a deux siècles, les deux tiers des Français étaient paysans et chacun nourrissait 0,5 personne en plus de lui-même. Avec l’énergie, l’agriculture a pu se mécaniser – un tracteur de 100 chevaux équivaut à environ 1 000 individus – et un agriculteur actuel assure l’alimentation de 50 personnes. Ces dernières ont pu effectuer d’autres tâches grâce à l’énergie, qui permet de transformer de nombreuses ressources présentes dans l’environnement comme des minerais, du bois ou des sols. Ainsi s’est développée l’industrie, activité de transformation des réserves naturelles. Dans tous les pays occidentaux, le choc pétrolier a tari la croissance énergétique globale, qui est devenue inférieure à la productivité du facteur travail, ce qui a entraîné le déclin de l’emploi industriel. La contribution des services à la productivité plus faible a, en revanche, poursuivi son essor. Parallèlement, le chômage s’est massifié. Il y a un siècle, les lois sur le travail avaient pour objet de réduire le travail des femmes et des enfants, comme le temps que devaient y consacrer les hommes. Avant 1974, le facteur limitant l’activité était le travail disponible ; c’est désormais l’énergie. Plus la consommation d’énergie par personne est grande, moins la part de l’emploi dans l’agriculture est élevée. L’énergie abondante a permis l’urbanisation. Que la ville puisse, en accueillant 80 % de la population, organiser un système socio-économique stable dans un environnement énergétique contraint apparaît douteux.

L’opinion courante veut que le développement des services entraîne une dématérialisation, moins consommatrice d’énergie. Or c’est l’inverse : l’augmentation de la part des services dans l’économie n’est possible qu’une fois les fonctions productives remplies par des machines énergivores. Je pressens d’ailleurs que la contrainte énergétique va entraîner une hausse du travail manuel et une baisse des activités de service.

Les échanges plus massifs et mieux organisés ont permis l’étalement de l’habitat. Lorsque les villes ont été construites avant la période de profusion énergétique, les centres sont denses. Mais lorsqu’elles sont récentes, il n’y a pas de centre-ville. Atlanta constitue un bon exemple de cette dernière catégorie.

L’approvisionnement en énergie des pays de l’OCDE a déjà commencé de décroître. À l’inverse, il progresse dans les pays émergents, notamment en Chine. Épisode inédit, le PIB des pays de l’OCDE a également cessé d’augmenter depuis 2007. Cette situation risque de perdurer, car elle découle d’un tarissement énergétique. La France connaît la même situation, alors que l’économie des pays émergents poursuit sa croissance.

À l’école, nous apprenons que le travail et le capital sont les deux facteurs de production. Si cette dernière ne s’avère pas assez élevée pour financer la protection sociale, on diminue le coût du travail et du capital pour les stimuler. Or cette politique ne répond plus : alors que l’Allemagne emprunte à coût négatif et que les chômeurs sont très nombreux, le PIB n’augmente plus. C’est bien la preuve que cette description de l’économie est erronée. En fait, l’économie est une machine à transformer des ressources naturelles gratuites, la formation de capital n’étant qu’une boucle interne au système. Le brevet qu’un industriel dépose aujourd’hui ne résulte que de la transformation – par le travail – de ressources déjà existantes. Le goulet d’étranglement pour l’approvisionnement en ressources énergétiques – quel qu’en soit leur prix – induit mécaniquement un gel de la production. Le prix reste un élément significatif de l’équation économique tant qu’il n’y a pas de problème de quantité. Dans la pêche, le bateau représente le capital, le marin incarne le facteur travail, l’énergie provient du carburant mis dans le bateau et le PIB correspond à la valeur des poissons pêchés : si le diesel ou les ressources halieutiques disparaissent, la pêche et la production deviennent impossibles. Aujourd’hui, le niveau de notre activité économique est significatif du stock de ressources naturelles à transformer : il convient de surveiller attentivement ce dernier.

Depuis 1965, la consommation d’énergie et le PIB varient dans le monde de manière strictement parallèle. « Dis-moi combien d’énergie tu consommes et je te dirai quel est ton PIB » : telle pourrait être, simplement énoncée, la règle qui régit nos économies. En revanche, la variation du prix du baril et le PIB ne connaissent pas la même identité d’évolution. Lorsque le prix du baril augmente, un transfert de rente s’opère et la France s’endette au bénéfice de l’Arabie saoudite, mais rien ne change au niveau global. Vouloir régler le problème énergétique en attendant que les prix croissent fortement, revient à souhaiter une progression des revenus des pays producteurs d’hydrocarbures. Ainsi, la facture pétrolière et gazière de l’Europe a décuplé au cours de la dernière décennie. Cela a engendré un déficit commercial structurel qui s’est traduit par une augmentation de l’endettement. Cette situation se constate aussi bien dans les pays latins que dans les pays nordiques – y compris l’Allemagne. Il ne s’agit pas ici d’une question de couleur politique, mais d’un sujet de physique structurelle qui évolue à l’échelle du demi-siècle.

Le PIB par habitant est strictement égal au produit de l’énergie disponible par habitant et de l’efficacité énergétique, que l’on définit par l’augmentation du PIB induite par la création d’un kilowattheure d’énergie. La croissance du PIB par habitant résulte du produit de la variation de ces deux facteurs. La croissance de l’énergie mondiale s’établissait à 2,5 % par personne et par an avant 1980 et à 0,4 % depuis lors ; l’efficacité énergétique de l’économie a connu une croissance mondiale annuelle moyenne légèrement inférieure à 1 % depuis 1970. Pour que la règle que je viens d’énoncer soit juste, le PIB par habitant aurait dû croître de 3 % avant 1980 et de 1 % maintenant. Les chiffres de la Banque mondiale le confirment. Je suis donc en accord avec M. Vittori, éditorialiste aux Échos, lorsqu’il écrit que les lois de finances doivent dorénavant reposer sur une croissance économique nulle. Ce n’est pas agréable, mais mieux vaut prendre la réalité en compte plutôt que d’élaborer des plans voués à échouer.

Dans la relation étroite entre la production mondiale de pétrole et l’évolution du PIB, c’est la baisse du volume du pétrole qui entraîne celle du PIB et non l’inverse. On ne consomme pas moins de pétrole parce que c’est la crise, mais c’est la crise parce qu’on a moins de pétrole. La production mondiale atteindra son pic dans environ cinq ans. Ensuite, la décélération est inéluctable. Chacun s’interroge pourtant sur le prix du pétrole, alors que la question ne réside pas dans son évolution. La consommation de pétrole par l’Europe s’est réduite de 10 % depuis 2006 – repli amorcé avant le Grenelle de l’environnement – et cette tendance se poursuivra.

S’agissant du gaz, une projection réalisée par Total montre une production mondiale qui plafonne à partir de 2025, nonobstant le développement des gaz non conventionnels dont l’extraction sur le territoire français serait, de toute façon, difficile. L’approvisionnement gazier de l’Europe a cessé de croître lorsque les gisements de la mer du Nord – qui représentent 60 % de la consommation – ont atteint leur pic. Il est douteux que le nucléaire puisse être – même partiellement – remplacé par du gaz dans l’Union européenne.

Si l’on attribue la totalité des émissions de gaz à effet de serre aux citoyens et qu’on les inclut dans la fabrication des produits et services, les Français consomment, en moyenne annuelle, quelques centaines de kilos de CO2 pour la construction de leurs logements, deux tonnes de CO2 pour le chauffage de ces maisons, deux tonnes et demie pour l’alimentation – dont la moitié est due aux viandes et aux laitages –, deux tonnes et demie pour l’achat des biens manufacturés, deux tonnes pour le déplacement de personnes dans leur sphère privée et deux tonnes pour les services publics et privés – l’école, l’hôpital et l’armée d’une part, les banques, les coiffeurs, les opérateurs de téléphonie, entre autres, d’autre part. La fabrication de l’électronique destinée aux particuliers représente un tiers de l’empreinte carbone des achats de produits manufacturés ; deux tiers de la progression de 10 % de cette empreinte constatée entre 1990 et 2010 sont dus à l’électronique grand public : les technologies de l’information n’induisent aucune dématérialisation, ils ont créé des usages sans en supprimer d’autres. Dans les transports, l’avion a connu la plus forte croissance entre 1990 et 2010 ; or son utilisation est concentrée sur les deux premiers déciles de la population : créer un nouvel aéroport revient à construire une infrastructure pour riches.

Les émissions de gaz à effet de serre et l’usage de l’énergie fossile sont présents dans toutes nos activités. Le changement climatique ne peut donc être évité en contraignant une petite fraction de la population pour le bénéfice du plus grand nombre ; il ne peut l’être que par un effort de tous. Afin d’accompagner un tel effort collectif, il convient de développer une vision – un projet « sexy ». Sans vision, c’est le chaos qui règlera la situation. Voilà où vous entrez en scène, mesdames et messieurs les députés, et où je cesse de parler.

M. Arnaud Leroy. Monsieur Jancovici, je dois vous avouer que je comptais consacrer mon intervention au changement climatique, car vous aviez été présenté comme climatologue. Hélas, vous n’en avez pas dit un mot. En outre, comme vous êtes ingénieur, vous devriez nous proposer des solutions que j’ai cherchées en vain dans votre présentation.

Je suis d’accord avec vous pour affirmer la nécessité d’un effort commun. Encore faut-il préciser qu’il ne concerne pas que les Français, mais l’ensemble des habitants de la planète ! Je vous rejoins également sur l’exigence qui s’impose aux responsables politiques de tracer une vision et un plan pédagogique qui soit à son service.

Les précaires énergétiques existent bel et bien ! Après avoir discuté avec bon nombre de députés britanniques, allemands, estoniens et danois, je peux vous assurer que la situation des fuel poorscrée un véritable problème social qui se situe, notamment, au cœur de l’actuelle campagne électorale en Allemagne. Le poste de la facture énergétique dans les dépenses n’a peut-être jamais été aussi faible statistiquement, mais les ménages ressentent fort différemment la situation et nier ce sentiment revient à faire peu de cas de la démocratie.

Mme Christiana Figueres, secrétaire générale de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, souhaiterait que les autorités locales et les parlements nationaux s’impliquent davantage dans la mise en place du plan post 2015. La France a fait le choix de se rendre disponible pour accueillir la prochaine conférence des parties – dite COP 21 – en 2015. Cette candidature s’inscrit dans le cadre de la très forte ambition de notre gouvernement en la matière ; ainsi, M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, considère la diplomatie climatique comme un axe prioritaire de notre action extérieure. Comment enrichir et accompagner notre réflexion sur le sujet dans les deux ans qui viennent ? Quelles sont les pistes que vous pourriez proposer pour répondre au défi – que vous avez exposé de manière percutante – de la diminution de la disponibilité de l’énergie ?

Je vous trouve trop critique sur les énergies renouvelables, assez silencieux sur votre rapport au nucléaire et très peu prolixe sur l’efficacité énergétique. Mes collègues du groupe SRC, ravis de vous accueillir, vous interrogeront sûrement là-dessus.

M. Martial Saddier. Vous exposez vos travaux avec brio, et il faut au moins vous reconnaître le mérite de la logique. Les députés UMP sont d’accord avec vous sur l’urgence de l’enjeu pour la société ; le Grenelle 1 et le Grenelle 2, qui permettaient d’associer tout le monde, devaient d’ailleurs servir à établir du consensus, donc à éviter la démagogie et le populisme. Le président Nicolas Sarkozy n’en a pas été remercié, il est vrai, mais vous n’êtes pas plus tendre avec le président François Hollande…

Aux États-Unis, la question énergétique a été débattue durant la récente campagne électorale : comment analysez-vous ce débat ?

Que pensez-vous des potentielles réserves nouvelles d’énergies fossiles ? Que pensez-vous de la décision prise par l’actuel Président de la République de diminuer la part du nucléaire dans notre production énergétique, et de la décision de fermer la centrale de Fessenheim ?

M. Yannick Favennec. Merci pour cette présentation décoiffante. Lors de la conférence de Doha, les grandes puissances ont rivalisé d’inertie. La France, elle, n’a pas à rougir de son bilan en matière de gaz à effet de serre, notamment grâce au Grenelle de l’environnement ; une étude allemande récente nous place parmi les meilleurs élèves de la classe, ce qui doit nous amener à prendre le leadership. Mais où est aujourd’hui le volontarisme français ? La voix de la France semble s’être éteinte, au point que nous avons cédé sur des avancées que nous avions pourtant portées – je pense au fonds vert de la conférence de Copenhague qui devait mobiliser 100 milliards d’euros à l’horizon 2020, aux aides destinées aux pays qui seront les premières victimes du réchauffement climatique, à la taxe carbone aux frontières de l’Europe…

Quel est votre sentiment sur Doha et sur la position française ? Quel peut être le rôle de la France en ce domaine, en Europe comme lors des prochains sommets internationaux ?

Que pensez-vous de la réduction de la part du nucléaire dans le bouquet énergétique français ? Les énergies renouvelables permettront-elles de compenser cette baisse ? Cette réduction est-elle compatible avec nos objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ?

M. Denis Baupin. Merci pour cet exposé provocateur ! Sur l’essentiel, nous sommes d’accord : nous traversons une crise structurelle, et l’énergie est au cœur de cette crise ; il est urgent de donner un prix au carbone, à l’épuisement des ressources pétrolières. Mais nous avons un désaccord majeur sur le nucléaire. Vous n’avez parlé ni de Tchernobyl, ni de Fukushima : si l’on veut prendre en compte le risque d’un accident nucléaire, il faut refaire tous les calculs, et donner aussi un prix au risque d’accident nucléaire.

Il faut donc commencer par réécrire les équations économiques et énergétiques. Mais que faire de ces constats ? Nous ne pouvons pas continuer à consommer de l’énergie comme avant, surtout avec une population croissante ! Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), fondée à l’OCDE, la priorité doit être aujourd’hui d’aller à 77 % vers une plus grande sobriété et à 19 % vers les énergies renouvelables.

Je note d’ailleurs au passage que les États-Unis ont installé en 2012 plus de puissance éolienne que de puissance en gaz, et qu’il existe 1 662 éoliennes off-shore en Europe, dont aucune en France. Notre retard est donc conséquent.

Il faut aussi, vous avez raison, réfléchir sur notre alimentation, en particulier carnée, sur la mobilité, sur les bâtiments et leur consommation énergétique… Le ménage allemand, qui n’est pas moins doté en appareils électroménagers que le ménage français, consomme 20 % d’électricité spécifique de moins que le ménage français – sans même compter le chauffage électrique. Nous disposons donc de marges de progression très importantes.

Nous devons investir dans les secteurs les plus intensifs en emploi : rénovation thermique des bâtiments, transports collectifs, énergies renouvelables…

Ce débat est particulièrement utile. Nous avons, c’est vrai, besoin d’une vraie vision : le groupe écologiste pense que l’on peut sur ces sujets porter un discours positif sur la transition énergétique comme réponse à la crise.

M. Olivier Falorni. Voilà un exposé qui bouscule les certitudes, ce qui est toujours utile !

J’ai lu dans vos articles que vous privilégiez la « décarbonisation » des bâtiments, puis de l’industrie lourde et enfin des véhicules. Je vous rejoins sur ce point. Mais que devient alors l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production énergétique française – cap fixé pour 2025 par la Conférence environnementale ? Comment peut-on promouvoir le véhicule électrique et la pompe à chaleur tout en réduisant la part du nucléaire, sans favoriser l’exploitation de nouveaux gisements de gaz ou la production de biocarburants ?

Pourriez-vous nous éclairer sur la sortie du tout-pétrole ? Dans les grandes villes, le taux de motorisation diminue, mais c’est l’inverse à la campagne comme dans les villes petites ou moyennes, où l’automobile demeure indispensable.

Les biocarburants de troisième génération, produits à partir d’algues microscopiques riches en lipides qui peuvent accumuler entre 60 % et 90 % de leur poids en acides gras, ce qui pourrait laisser espérer une production annuelle d’une trentaine de tonnes d’huile par hectare, peuvent-ils constituer une réponse adaptée ? Le rendement du colza est, à titre de comparaison, trente fois inférieur.

La production de pétrole décroîtra dès 2020, et la production européenne diminue déjà. Le gaz de schiste ne pourrait-il pas diminuer notre dépendance vis-à-vis du pétrole ? Le retour d’expérience américain est, on le sait, mauvais pour l’environnement, mais d’autres formes d’exploitation pourraient remplacer la fracturation hydraulique. Que pensez-vous des recherches menées pour substituer à l’eau du GPL voire du gaz carbonique ? N’existe-t-il pas une exploitation écologique des hydrocarbures ? L’extraction du gaz de houille, contrairement au gaz de schiste, peut s’opérer sans recourir à la fracturation hydraulique.

Enfin, le Centre d’analyse stratégique a rendu en 2012 un rapport intitulé Énergies 2050, qui propose quatre scénarios d’évolution de la politique énergétique française, notamment en ce qui concerne le nucléaire, auquel je crois comprendre que vous êtes attaché. Quelle trajectoire devrions-nous suivre pour répondre aux exigences de la décarbonisation ? Devons-nous prendre en considération le développement des pompes à chaleur et des véhicules électriques, qui impliquent par ailleurs une évolution du réseau de distribution d’électricité intelligent ?

Le Danemark fait figure de bon élève en la matière, avec des objectifs très ambitieux. Est-ce la voie à suivre ?

M. Patrice Carvalho. Eh bien voilà qui décoiffe ! Ceux qui me connaissent savent que je ne pratique pas non plus la langue de bois, donc je le dis : c’était parfois un peu hard ! Je connaissais Marx, et son explication de la société capitaliste qui nous mène à la ruine, maintenant je connais aussi Jancovici (Sourires).

Vous parlez de risques d’explosion sociale, mais aujourd’hui, beaucoup de gens n’arrivent pas à se loger, se chauffer, se soigner… Pour satisfaire ces besoins, nous avons besoin de croissance économique. Sinon, ne risquons-nous pas le retour à la bougie et à l’âge où nos grands-mères faisaient la lessive au lavoir ?

Sur le rôle des médias, je suis entièrement d’accord avec vous : même à LCP, c’est vraiment la pensée unique ! (Sourires)

Vous ne parlez pas de la recherche : nous sommes peut-être à l’âge de pierre en matière d’énergie, ne perdons pas espoir dans le progrès scientifique.

Votre message est fort, mais quelles sont les perspectives d’avenir ? Je vous l’avoue, j’ai craint un moment que vous ne lanciez un appel au suicide collectif !

M. Philippe Plisson. On ne peut que partager votre diagnostic, mais quelles solutions proposez-vous ? Ne devons-nous pas saisir l’opportunité de changer radicalement de modèle de développement, en remettant les énergies renouvelables que vous méprisez au cœur du dispositif ?

Que pensez-vous de l’exploitation des gaz de schiste ? Que pensez-vous des clathrates de méthane : épée de Damoclès climatique ou ressource énergétique potentielle ?

M. Jean-Marie Sermier. Votre constat est partagé par le plus grand nombre. Mais comment pouvons-nous aujourd’hui prendre des mesures à l’échelle nationale quand la Chine ouvre une centrale à charbon par semaine ? Quelle gouvernance mondiale pourrait permettre des avancées significatives ?

Chacun doit pouvoir se retrouver dans le grand projet d’avenir que vous appelez de vos vœux. Avons-nous le temps d’intéresser la population à cette réflexion ?

L’exploitation de l’hydrogène fatal vous paraît-elle présenter un intérêt ?

Mme Geneviève Gaillard. Je partage les grandes lignes de l’exposé, mais vous ne présentez pas de solutions. L’énergie la plus propre, c’est celle que l’on ne consomme pas : la France est-elle armée pour entrer dans la transition énergétique ? Avez-vous des propositions en matière de fiscalité énergétique, et en matière d’aménagement du territoire ?

M. Édouard Philippe. Merci pour cette présentation perturbatrice mais stimulante.

Il est temps, vous le dites, de prendre en considération des indicateurs de prélèvements sur les stocks : des économistes, des spécialistes de comptabilité nationale, mènent-ils des recherches en ce sens ?

Vous avez peu parlé des conséquences de ce système sur le climat ; vous avez montré une diminution de la ressource énergétique, mais vous n’avez pas évalué l’échelle de temps nécessaire pour mesurer les conséquences pour les émissions de gaz à effet de serre de la diminution de cette ressource énergétique.

Votre message me paraît un message d’espoir pour les politiques que nous sommes : c’est à nous d’inventer des réponses nouvelles à la réalité que vous décrivez. J’entends donc un message de prise de pouvoir des élus, et non de condamnation des élus.

M. Jacques Krabal. Vous semblez opposé aux hydrocarbures non conventionnels et peu confiant dans l’avenir des énergies renouvelables : pourquoi ?

Vous êtes si peu effrayé par le nucléaire que vous prétendez, dans l’un de vos livres, que l’accident de Tchernobyl n’aurait provoqué que quelques dizaines de morts, mais aucun surcroît de mortalité par cancer. Certaines études évaluent pourtant les morts de 5 000 à 80 000. Vos assertions paraissent aujourd’hui choquantes : les maintenez-vous ?

Mme Sylviane Alaux. Vous écrivez que le gaz de schiste est une « fausse bonne idée » : sur quelles études vous fondez-vous ? Certes, la méthode d’extraction aujourd’hui utilisée pose problème, mais ne devrions-nous pas surtout en chercher d’autres – ce que font certains pays ?

M. Jacques Kossowski. Vous êtes, à l’inverse du Gouvernement actuel, un ferme partisan du nucléaire civil. Pouvez-vous expliciter votre position ?

Mme Brigitte Allain. Vous avez souligné l’importance de l’alimentation dans nos émissions de gaz à effet de serre. L’étude prospective Afterres 2050 propose un scénario d’évolution possible : nourrir tous les habitants de notre planète impose des changements profonds, et donc l’adoption, de façon quasi-générale, de nouvelles pratiques agricoles et alimentaires. Qu’en pensez-vous ?

M. Serge Bardy. Quels sont les blocages, notamment institutionnels, qui rendent si difficile la lutte contre le changement climatique à l’échelle du monde ? Vous aviez proposé la nomination dans chaque cabinet de ministère et dans chaque direction générale européenne d’un conseiller technique au développement durable, et même la création d’une Cour du développement durable, qui serait une extension de la Cour des comptes. Pouvez-vous préciser cette proposition ?

Comment, en période de crise, augmenter fortement les tarifs de l’énergie sans diminuer brutalement le niveau de vie des Français, dont une grande partie est d’ores et déjà fragilisée ?

Comment concilier l’engagement n° 41 du Président de la République – baisser la part du nucléaire dans notre production énergétique – avec une diminution de nos émissions de CO?

M. Jean-Pierre Vigier. Voilà un exposé qui décoiffe ! Si nous diminuons notre production d’énergie nucléaire, nous devrons utiliser d’autres moyens de production. Vous l’avez dit, l’éolien et le solaire seront bien loin d’y suffire. Avec le gaz, le charbon et le pétrole, nous dépendrons de l’étranger et nous polluerons beaucoup plus. Que faire alors ?

M. Charles-Ange Ginesy. Vous nous dites qu’il faut diminuer notre consommation d’énergies fossiles, mais que les énergies renouvelables ne représentent à peu près rien : en diminuant notre consommation, pourrons-nous éviter la décroissance ? Vous préconisez le vote d’un budget sans croissance ; mais, d’un point de vue économique, cela empêcherait notre société de rebondir.

Vous semblez enfin compter pour rien le progrès scientifique : je crois, moi, que la recherche représente une nouvelle espérance pour demain.

M. Christophe Priou. Quel avenir pour ce marin-pêcheur breton que vous évoquez ? Ce jeune pêcheur, en particulier, doit se loger, une fois revenu à terre, et souvent la pression démographique sur le littoral oblige à construire sur les terres agricoles… Quel urbanisme peut-on imaginer pour demain ?

M. Jean-Louis Bricout. Vous préconisez un nouvel urbanisme et un nouvel aménagement du territoire. Vous plaidez également pour que les collectivités territoriales s’acquittent d’une taxe carbone. Mais vous n’ignorez pas la situation financière difficile de ces collectivités : comment envisagez-vous la mise en place de cette taxe ? Plus généralement, quel rôle assignez-vous à l’État pour accompagner les collectivités territoriales ?

M. Michel Heinrich. Merci pour cet exposé dont je suis encore abasourdi. L’alternative pour vous, c’est la vision ou le chaos. Pensez-vous que nous aurons cette vision ? La taxe carbone dans un seul pays vous paraît-elle pouvoir constituer un gadget temporairement utile ?

Mme Sophie Rohfritsch. Votre exposé était passionnant : plutôt que de transition énergétique, ne faudrait-il pas parler de transition tout court ? Le coût du capital n’ayant jamais été si bas, ne peut-on d’ailleurs pas voir là l’opportunité d’investir massivement – dans les énergies renouvelables, ou peut-être dans le nucléaire ?

Il paraît impossible d’agir à l’échelle mondiale. Quelle serait alors la bonne échelle de réflexion pour un élu – le petit territoire, la France, l’Europe ?

Vous avez proposé la création d’une mission parlementaire sur les travaux de l’AIE et sur la meilleure façon de prévoir les quantités d’énergie, notamment fossile, dont nous disposerons. Monsieur le président, ne pourrait-on pas envisager la création d’une telle mission ?

M. Yves Albarello. Ma question sera provocatrice : en persistant à vouloir améliorer notre propre bilan carbone, quand la Chine ouvre une centrale à charbon par semaine, ne sommes-nous pas dans l’erreur ?

M. le président Jean-Paul Chanteguet. Je rappelle que la Chine est aussi le pays qui investit le plus dans les énergies renouvelables.

M. David Douillet. Comment envisagez-vous la transition énergétique globale ? La France est-elle en retard ?

M. Alain Gest. Vous écouter est toujours un vrai bonheur, monsieur Jancovici. Vous estimez qu’il faudrait multiplier par deux, voire par trois, le prix des carburants, et vous vous opposez aux tarifs subventionnés sur le gaz et l’électricité. Quelle est votre position sur la vérité des prix de l’énergie ?

M. Jacques Alain Bénisti. Un séisme de magnitude 8 a frappé ce matin même les îles Fidji. Y a-t-il un lien de cause à effet entre le changement climatique et les mouvements géologiques de plus en plus fréquents que nous constatons ?

M. Jean-Marc Jancovici. Je ne pourrai bien sûr pas répondre à toutes les questions qui ont été posées ; je vous renvoie à mon site internet. Je prends la précaution de dire ici, comme je le fais souvent, que les malentendus vont se nicher dans ce qui n’a pas été dit : or le temps qui m’est imparti est limité.

Certains d’entre vous ont remarqué qu’il faut parler de transition tout court, d’un projet de société à long terme : il s’agit d’aller conquérir la Lune ! Pour cela, il faudra aller chercher les gens où ils sont : ils ne viendront pas d’eux-mêmes.

Plusieurs questions portaient sur les ressources et le gaz de schiste. Pour vous donner les ordres de grandeur, l’Europe consomme aujourd’hui 500 milliards de mètres cubes de gaz par an, dont 300 milliards viennent de la mer du Nord. On pourrait obtenir des gaz non conventionnels quelques dizaines de milliards de mètres cubes par an en Europe. La France consomme 50 milliards de mètres cubes par an, dont 30 pour le chauffage et 15 pour l’industrie. Si le seul souci, c’est de satisfaire les demandes des chimistes français, il suffit de conserver une consommation de 15 milliards de mètres cube par an et nous nous en sortirons : il faut seulement supprimer les 30 milliards du chauffage qui coûtent 6 milliards d’euros en importations par an ; cela se fait avec l’isolation et les pompes à chaleur.

Sortir le gaz et le fioul des usages thermiques dans le bâtiment est l’une des toutes premières priorités à fixer pour cette nouvelle conquête de la Lune. Il faudra demander des efforts à tout le monde, et l’effort partagé par tous n’est possible que si l’on propose un projet : dites à un astronaute qu’il va aller sur la Lune, il sera d’accord pour risquer sa vie. Cela, c’est votre rôle. Si vous ne proposez pas une vision exaltante à notre pays, n’essayez pas de demander des efforts : ça ne marchera pas !

Quant à l’argent nécessaire, on peut toujours trouver des « clopinettes pour bricoler », poser des rustines et boucher des trous ; ce n’est pas très exaltant. Mais si l’objectif est de conquérir la Lune, alors l’argent n’est plus le sujet. On le trouvera ! On a bien trouvé mille milliards pour les banques…

Le vrai sujet, c’est l’arbitrage : nous n’aurons pas d’argent pour tout – pour donner un travail à tout le monde, pour donner de l’espoir à tout le monde, et pour donner plus de consommation à tout le monde. Mais préserver la stabilité socio-économique de notre pays avec de l’espoir et un travail pour tous, on peut le faire.

D’autres questions portaient sur les négociations internationales et le rôle de la France. Je l’ai dit, l’énergie fossile, c’est le pouvoir d’achat et le niveau de vie ; dès lors, jamais des hauts fonctionnaires, si méritants soient-ils, ne pourront se réunir et décider ensemble d’un niveau rationnel de consommation des individus sur la planète. Cela ne peut tout simplement pas fonctionner. Ce qui pourrait fonctionner, c’est qu’une région du monde se lance dans ce projet avec résolution, massivement et de façon structurée. Or l’Europe, je vous l’ai montré, est dos au mur : notre choix doit donc être de nous lancer, de façon déterminée, dans la construction d’une économie de moins en moins liée aux combustibles fossiles. Cela sera notre conquête de la Lune, et cela nous occupera quarante ans car il faudra tout refaire : les villes, les réseaux de transport, les paysages agricoles…

Ce n’est pas une transition à 100 milliards d’euros, c’est une transition à 5 000 ou à 10 000 milliards.  Et c’est une très bonne nouvelle : cela nous donne une colonne vertébrale, un projet qui exige un très large consensus politique – aussi large que sur la nécessité d’avoir des caisses de retraite. Il faudra que vos divergences s’expriment à la marge – un peu plus de marché ici ou un peu plus d’État là-bas… C’est une union nationale qu’il nous faut.

Beaucoup de questions portaient sur le nucléaire. Pour résumer ma position, je pense que c’est une bien meilleure idée qu’une mauvaise. Le nucléaire crée des inconvénients – je vous l’ai dit, l’énergie propre n’existe pas. Mais il évite globalement plus de problèmes qu’il n’en crée. On trouve aujourd’hui, même chez les Verts, des gens qui, en tête-à-tête, seraient prêts à classer le dossier nucléaire parmi les points de désaccords constatés que l’on peut mettre de côté…

M. Denis Baupin. Il faut les virer ! (Sourires)

M. Jean-Marc Jancovici. …non, il faut les écouter ! Le nucléaire est une question d’arbitrage. Sur la partie technique, sur le nombre de morts provoqués par Tchernobyl, sur les déchets, je vous renvoie à mon site où vous trouverez une avalanche de chiffres, les sources et les méthodes.

La question fondamentale des besoins a été posée. Il y a les faits et leur ressenti. Le second intéresse l’électeur et l’élu, mais le physicien se concentre sur les premiers. Tocqueville l’avait prévu : la démocratie nous rend « rouspéteurs » et perpétuellement insatisfaits. En France, on consomme 60 mégawattheures par personne chaque année, c’est-à-dire l’équivalent du travail de 600 esclaves ! L’espérance de vie a triplé en deux siècles. Alors qui est pauvre ? Votre question est centrale, si l’on s’intéresse au ressenti et à l’équité. Mais en termes de réalité physique, je répète que les citoyens modestes devront prendre leur part de l’effort. La seule façon de les convaincre, c’est de leur donner du boulot, de la fierté et des perspectives.

Sur la taxe carbone, les choses sont simples : elle taxe l’énergie tout en détaxant le travail. Ce n’est pas un impôt punitif, mais un guide. Elle donne de la visibilité.

Mon ambition consiste à soutirer de l’argent à des gens qui ne sont pas a priori volontaires pour réfléchir à leur avenir : les industriels. Que fait un industriel, ou un gestionnaire d’entreprise, quand il réfléchit à l’avenir ? Il cherche les certitudes. S’il n’est pas convaincu que l’énergie coûtera de plus en plus cher, il n’investira pas pour diminuer sa consommation. Or l’énergie fait marcher des systèmes extrêmement rigides : ce problème se résout par l’investissement. L’efficacité énergétique, c’est monstrueusement capitalistique : il faut changer les procédés industriels, les bâtiments, les infrastructures de transports et les bateaux. Pour investir, il faut de la visibilité, donc un prix à l’externalité. Sinon, les industriels resteront assis sur leur chaise.

C’est d’ailleurs la même chose pour les particuliers : regardez combien la différence de prix entre essence et gazole a déformé le parc automobile. Ces signaux jouent un rôle majeur à long terme. Évidemment, c’est la difficulté de votre mandat où vous êtes jugés sur des résultats à court terme, d’où la nécessité d’un consensus. Si l’on veut que la population et les milieux économiques adoptent cette vision à long terme, on doit être cohérent. Il faut hiérarchiser les problèmes. Si l’on considère qu’il faut d’abord se débarrasser des énergies fossiles et lutter contre le changement climatique, alors il faut privilégier tout ce qui agit en ce sens, nucléaire compris. Dire qu’on va diminuer notre production nucléaire de 50 % en 2025 revient à une illusion – ce chiffre est sorti d’ailleurs d’un chapeau, mais cela arrivait aussi avec Nicolas Sarkozy. Si nous décidons vraiment de mettre en place une société qui fonctionne avec beaucoup moins d’énergie fossile, alors le nucléaire devient secondaire. Rappelons que l’acceptation du nucléaire au Royaume-Uni a augmenté après l’accident de Fukushima.

M. Denis Baupin. Et en Iran ?

M. Jean-Marc Jancovici. Je ne suis vraiment pas partisan du nucléaire en Iran ! (Sourires)

La France a encore du poids en Europe. Si nous parvenons à entraîner le continent dans l’invention d’une économie qui permette de conserver des aspirations sociales et un espoir pour l’avenir avec moins de combustible fossile, alors nous arriverons peut-être à entraîner aussi le reste du monde. Voilà vingt ans que nous nous regardons tous en chiens de faïence parce que personne ne sait comment faire. Mais les premiers qui se lanceront emporteront le morceau ! L’Europe a une excellente raison d’agir, en dehors même du changement climatique : si nous continuons à suivre la ligne de pente, nous subirons, complètement désemparés, l’enchaînement des périodes de récession, et nous irons vers le chaos.

Je ne dis pas cela pour critiquer l’actuel Président de la République : je veux vous montrer les enjeux et les marges de manœuvre. Édouard Philippe l’a dit, cela doit vous stimuler et pas vous abattre. Mais le temps presse : il est urgent de se demander sérieusement comment construire un projet politique dans ce genre d’univers. Je veux bien vous y aider.

J’ai été taquin sur les énergies renouvelables, mais cela correspond aux faits. Si, à la suite du Grenelle de l’environnement, on avait décidé de généraliser les poêles à bois, j’aurais applaudi ; investir en revanche dans le photovoltaïque, c’était de la dernière stupidité. Je ne suis pas contre les énergies renouvelables, mais je suis contre la gestion d’un sujet sérieux par des méthodes sentimentales.

Prenons l’exemple suédois, pays remarquable en matière d’énergies renouvelables. La Suède jouit d’une réputation parfaitement écologique, alors qu’elle consomme autant d’énergie nucléaire par personne que la France, et deux fois plus d’électricité par personne – moitié hydraulique, moitié nucléaire. L’industrie lourde n’utilise quasiment pas de combustible fossile, essentiellement de l’électricité décarbonée et du bois. La consommation de gaz et de charbon y est quasi-nulle, et la totalité du chauffage est assurée par des réseaux de chaleur au bois. Mais il est vrai que le pays fait 350 000 kilomètres carrés, pour 9 millions d’habitants, et qu’il est couvert à 70 % de forêts.

La clé du succès pour les énergies renouvelables, c’est toujours beaucoup de montagnes ou beaucoup d’espaces arables. Les Européens devraient se pencher sur ce qui se passe dans le désert : beaucoup de soleil et peu de monde. Au lieu de dépenser 100 à 150 milliards d’euros de contribution au service public d’électricité (CSPE) pour déployer du photovoltaïque en France, on aurait bien mieux fait de monter un grand projet avec les Marocains et les Tunisiens – les Algériens, qui ont du gaz, n’auraient sans doute pas été intéressés. On aurait lancé une belle entreprise, et donné du boulot aux ouvriers français pour développer des technologies qui seront peut-être très utiles dans toute la bande tropicale à l’avenir.

Les Espagnols, qui boivent aujourd’hui une potion économique peu sympathique, auraient bien tort de ne pas chercher à exploiter les conditions climatiques de leur pays. Aller faire du solaire à concentration dans le sud de l’Espagne, c’est à mon avis beaucoup plus sérieux que de faire du photovoltaïque en France. Bref, je suis un grand partisan des énergies renouvelables, quand elles sont gérées avec des méthodes sérieuses.

Quant à l’éolien, il n’a pas en France beaucoup d’intérêt : il en a dans les pays qui souhaitent consommer moins de charbon. La diffusion massive de l’éolien impose en effet de disposer de moyens de stockage très important, ce qui porte le coût du mégawattheure entre 200 et 400 euros… Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, d’ailleurs : une hausse du prix de l’énergie, ce n’est pas grave si c’est de la rente redistribuée nationalement.

Enfin, vous verrez sur mon site que, lorsque vous déplacez une énergie produite nationalement – le nucléaire, par exemple – vers une autre énergie produite nationalement – l’éolien, par exemple –, vous ne créez globalement pas d’emploi si vous payez les gens de la même façon. Je sais que c’est perturbant, mais une simple règle de trois permet de le montrer.

M. le président Jean-Paul Chanteguet. Merci pour ce débat nourri qui sera, je l’espère, fructueux pour nos réflexions.

*

* *

Information relative à la commission

M. le président Jean-Paul Chanteguet. Je propose à la commission de désigner notre collègue Christophe Bouillon rapporteur sur la proposition de loi relative à la prorogation du mécanisme de l’éco-participation répercutée à l’identique et affichée pour les équipements électriques et électroniques ménagers (Sénat n° 272).

M. Christophe Bouillon est désigné rapporteur de ce texte.

——fpfp——

Membres présents ou excusés

Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Réunion du mercredi 6 février 2013 à 9 h 45

Présents. – Mme Sylviane Alaux, M. Yves Albarello, Mme Brigitte Allain, M. Christian Assaf, M. Julien Aubert, M. Serge Bardy, M. Denis Baupin, Mme Catherine Beaubatie, M. Jacques Alain Bénisti, M. Philippe Bies, M. Florent Boudié, M. Christophe Bouillon, M. Jean-Louis Bricout, Mme Sabine Buis, M. Vincent Burroni, M. Alain Calmette, M. Yann Capet, M. Patrice Carvalho, M. Jean-Yves Caullet, M. Jean-Paul Chanteguet, M. Guillaume Chevrollier, M. Jean-François Copé, Mme Fanny Dombre Coste, M. David Douillet, Mme Françoise Dubois, M. Philippe Duron, Mme Sophie Errante, M. Olivier Falorni, M. Yannick Favennec, M. Jean-Christophe Fromantin, Mme Geneviève Gaillard, M. Alain Gest, M. Charles-Ange Ginesy, M. Michel Heinrich, M. Jacques Kossowski, M. Jacques Krabal, Mme Valérie Lacroute, M. Alain Leboeuf, Mme Viviane Le Dissez, M. Arnaud Leroy, M. Michel Lesage, M. Jean-Luc Moudenc, M. Bertrand Pancher, M. Rémi Pauvros, M. Edouard Philippe, M. Philippe Plisson, M. Christophe Priou, Mme Marie-Line Reynaud, Mme Sophie Rohfritsch, M. Martial Saddier, M. Jean-Marie Sermier, Mme Suzanne Tallard, M. Jean-Pierre Vigier

Excusés. – Mme Chantal Berthelot, M. Jean-Jacques Cottel, Mme Florence Delaunay, M. Stéphane Demilly, M. Laurent Furst, M. Christian Jacob, M. François-Michel Lambert, M. Olivier Marleix, M. Philippe Martin, M. Philippe Noguès, Mme Catherine Quéré, M. Gilbert Sauvan, M. Gabriel Serville, M. Thierry Solère, M. Patrick Vignal

Primakov, l’artisan de la paix

Primakov, l’artisan de la paix

Source : Primakov, l’artisan de la paix

La mort d’une personne invite toujours à nous interroger sur elle, sur son parcours. Evgueni Primakov (Евгений Примаков) a été un acteur majeur de la transition de l’URSS vers la Fédération de Russie. À l’opposé de la légèreté des dirigeants occidentaux à ce sujet, il a constamment recherché à éviter les bains de sang.

Il n’est pas simple de résumer une vie aussi riche. Il a été un partisan de la paix lors de la première crise irakienne. Même s’il n’a pu éviter la première guerre d’Irak, il a permis de ne pas impliquer la Russie dans le processus de destruction d’un pays et de déstabilisation d’une région. Au vu des résultats obtenus avec la guerre d’Irak, nous ne pouvons que louer la sagesse de cet homme qui a fait éviter le déshonneur à la Russie. Seuls des fous fanatiques, aveuglés par leur impérialisme, peuvent se glorifier des résultats. La France, avec sa complicité d’alors, en paye désormais le prix sur son territoire. Rappelons-nous que la chute du mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne n’ont causé aucun mort.

Parfaitement au courant des réalités en Allemagne de l’Est du fait de ses fonctions, il avait compris le caractère explosif de la situation. Entre l’affrontement et le dogme, il a choisi la paix. Enfin, il est bon de se rappeler que c’est Evgueni Primakov qui a conduit les négociations et qui a signé l’Acte fondateur de Paris avec Javier Solana en 1997. Cet accord précisait les relations entre l’OTAN et la Fédération de Russie, mettant ainsi fin à la guerre froide.

Je n’aurai pas la cruauté de rappeler que, deux ans après, l’OTAN invitait la République tchèque, la Hongrie et la Pologne à les rejoindre. La stratégie de la tension refaisait son apparition.

Puis, président de la Chambre de l’économie et de l’industrie, il a préféré le bien commun de la Russie à l’engraissement des oligarques. Il a pesé alors de tout son poids pour que la manne pétrolière soit utilisée pour le peuple et les infrastructures russes. Comment ne pas rougir de honte lorsque les Occidentaux demandent à la Russie de verser 50 milliards de dollars aux spoliateurs des ressources naturelles. Bien avant d’invoquer les lois internationales, ils feraient mieux de s’interroger sur la morale de leurs actions. Mais il est vrai que pillage colonial et morale ne font pas bon ménage.

La vie d’un homme ne consiste pas à faire simplement le choix entre le bien et la mal, comme Hollywood tend à nous le faire croire. La réalité est beaucoup plus complexe et douloureuse.

Tout au long de sa vie, Evgueni Primakov a été porté par des valeurs qui font l’honneur d’un homme : patriotisme, probité et pacifisme. Ces valeurs étaient ses valeurs et nous inspirent le plus profond respect. À l’heure où nombre parlent de bellicisme russe, je voudrais leur rappeler que messieurs Poutine, Lavrov et bien d’autres ont pu bénéficier des apports de ce grand homme. Au vu de leurs actions présentes, ce sont les dignes héritiers de monsieur Primakov, un des plus grands artisans de la paix du XXe siècle

L’Allemagne renonce à la généralisation du compteur intelligent – Energie

Source : L’Allemagne renonce à la généralisation du compteur intelligent – Energie

Le 9 février, le ministère allemand de l’Economie a annoncé que les compteurs intelligents ne seraient rendus obligatoires que pour les foyers fortement consommateurs d’électricité. Une position à contre-courant des directives de l’Union européenne en la matière.

L’Allemagne n’a jamais vraiment été séduite par le compteur intelligent ou « smart meter ». Elle assume aujourd’hui sa position, quitte à s’attirer les foudres de l’Union européenne.

Le 9 février, le ministère allemand de l’Economie et de l’Energie a confirmé dans son paquet législatif sur les « smart grids » (réseaux intelligents) que seuls les foyers consommant plus de 6 000 kilowattheures (kWh) par an seraient contraints d’installer un compteur intelligent.

La moyenne annuelle de consommation électrique des foyers allemands ayant été évaluée à 3 500 kWh, on comprend donc que l’obligation d’équipement ne va concerner qu’une minorité de ménages outre-Rhin. Le ministère explique s’être basé sur une analyse coût-avantage de cette technologie, censée renforcer l’efficacité énergétique des bâtiments en maîtrisant  notamment la consommation électrique, de gaz et d’eau.

Dans les faits, il a repris les conclusions d’une étude du cabinet d’audit EY (ex-Ernst & Young), mandaté par le gouvernement fin 2013, qui stipule que l’adoption massive de nouveaux compteurs n’est pas dans l’intérêt du consommateur allemand.

Ce renoncement au déploiement généralisé des compteurs intelligents devra être assumé par Berlin auprès de l’Union européenne, qui a imposé aux Etats membres, par une directive de 2009, d’équiper au moins 80% des foyers en compteurs intelligents d’ici à 2020.

En France, on continue de croire aux avantages d’une généralisation. Un objectif de 90% des foyers équipés en compteurs communicants « Linky » a été fixé pour 2021, soit 35 millions d’unités installées.

ESN : un top 10 à la traîne du marché

ESN : un top 10 à la traîne du marché

viaESN : un top 10 à la traîne du marché.

L’année 2014 n’aura pas encore été très bonne pour le top 10 des ESN en France, avec un recul cumulé de -0,3% par rapport à 2013. Le retour à la croissance n’était donc pas au rendez-vous malgré une meilleure performance qu’en 2013, qui avait vu le top 10 chuter de -2%. Il faut toutefois nuancer le propos, souligne Franck Nassah, vice-président Research & Consulting, PAC, car ce sont en fait deux poids lourds, HP et IBM, qui tirent cette croissance vers le bas. Si on exclut ces deux acteurs, le top a été en croissance de 0,7% en 2014. Soit un tout petit mieux que l’ensemble du marché, qui a crû de 0,5%.

Toutes les ESN n’ont pas eu la même réussite. Ainsi Accenture, qui mise beaucoup sur ses offres, dont une partie est basée sur des « business outcomes » liés à du transactionnel, a enregistré une forte croissance (+6,2%) alors que d’autres acteurs (IBM, HP, CGI, Atos, Sopra Steria) étaient en recul plus ou moins prononcé.

Si 2014 n’a pas été l’année du « renouveau » pour le top 10 des ESN, elle aura en revanche été l’année de la concentration avec les rapprochements d’Atos et Bull d’un côté, et de Sopra et Steria de l’autre. Ces mouvements ont conforté la place d’Atos sur la troisième marche du podium (en pro forma sur 12 mois) et fait passer Sopra de la 8e place en 2013 à la 4e place (toujours en pro forma sur 12 mois) grâce à l’absorption du numéro 10 de ce classement. Cette concentration a aussi permis à Econocom Osiatis de faire son entrée dans le top 10.

En dehors de ce top 10, la croissance a été plus dynamique. Elle est de +1,2% en moyenne, note Franck Nassah. Un chiffre à comparer aux +0,5% du marché dans son ensemble. «  C’est une tendance que nous observons sur le marché français depuis quelques années. Elle est principalement due à deux phénomènes. D’une part, les acteurs de taille intermédiaire sont souvent plus spécialisés sur des niches et certains bénéficient de ce fait d’une croissance à deux chiffres. D’autre part, il existe un marché de proximité en région, notamment auprès des PME qui n’ont pas forcément de direction IT, qui a été moins impacté que le marché des très grands comptes, en ce qui concerne l’annulation ou le report de gros projets « .

Il s’agit bien entendu d’une moyenne et certains acteurs de taille intermédiaire ont plus souffert que d’autres, notamment en raison de leur positionnement. Et même si la croissance anticipée par PAC pour 2015 est plus importante que celle que 2014 aura connue (1,7% contre 0,5%), elle ne profitera pas de la même manière à tous.

Is The LNG Boom Dead? | Seeking Alpha

Is The LNG Boom Dead?

viaIs The LNG Boom Dead? | Seeking Alpha.

Summary

  • North American LNG will struggle to be competitive with Brent Crude under $65.
  • Asia spot price for Natural Gas has dropped alarmingly.
  • Many LNG projects still in planning are being cancelled or delayed.

Last year, global natural gas companies, particularly the LNG shippers, were very bullish about the future. A CEO of one of the newer, independent LNG charterers quipped that the LNG shipping industry hadn’t seen such great tailwinds since the 1950s. In a company presentation, another LNG shipper proclaimed we were entering the ‘Golden Age of LNG.’

The thesis was this: Global demand for gas was not only growing, but the centers of demand (mostly Europe and East Asia) had little gas of their own. So, a whole armada of new LNG tankers would be needed to meet demand, with North America and Australia seeming to be the primary sources of supply growth.

Then crude oil prices came crashing down, and this made it difficult for North American and Australian LNG to compete with oil-associated Mideast LNG, whose prices are linked to Brent Crude.

Courtesy of GasLog Investor Relations (analyst day presentation).

Unsurprisingly, many new LNG plants under construction or in planning are either being delayed or cancelled. Petronas, the Malaysian national oil company, has delayed its final investment decision for an LNG facility in the Pacific Northwest. Also in the US, final investment decisions for Lake Charles LNG have been pushed back to 2016. Royal Dutch Shell (NYSE: RDS.A) recently cancelled its Arrow LNG project in Australia.

So, is the age of LNG dead? Or is it just delayed? And what does this mean for investors? This article will attempt to answer those two questions.

Moving forward

Courtesy of GasLog Investor Relations

Above is a chart of name-plate processing capacity of existing LNG plants, facilities under construction, and projects in planning. The bar on the far right best represents expectations in mid-2014, before the price of crude oil crashed. The middle bar, ‘plants under construction,’ plus ‘total existing capacity,’ I believe best represents what LNG shipping demand will look like in a few years. I believe that most LNG projects already under construction are going to be finished eventually, but the ones in planning will be either delayed or cancelled altogether. Demand for LNG chartering will be constrained by the supply from LNG terminals. While medium-term LNG demand may not be as great as we thought, there should still be some growth in LNG demand for the next few years.

Courtesy of BG Group Investor Relations

Here’s one chart that should concern LNG bulls. Due to a mild winter, the spot price of gas in East Asia dipped to a multi-year low. With dry gas below $8 per mcfe, there is hardly any profit after liquification, transportation and regassification costs. Even the already-constructed LNG facilities need higher gas prices in East Asia. Fortunately for the LNG shippers, most producers supplying Asia are locked into long-term contracts, but these low prices could become a problem if they persist.

The good news is that gas consumption is expected to rise steadily. According to a study by BP, gas consumption will grow by 1.9% per year until 2035, and most experts agree that demand for LNG should grow even faster. While that ‘demand’ means nothing if the export facilities are not built, the long-term fundamentals are still there.

(click to enlarge)

Courtesy of Seadrill Investor Relations

The good news is that crude oil will eventually have to go higher, and that this move will probably ‘rescue’ the bullish LNG thesis. Even when crude oil prices were high, costs for exploration and production were inflating because the remaining oil is increasingly hard to get at.

With oil prices so low today, many new, offshore projects are no longer profitable, and development activity is already slowing down everywhere. Even with today’s maintenance spending, production is expected to drop by 2.5% per year, according to Schlumberger (NYSE:SLB) CEO Paul Kibsgaard. That decline comes out to about two million barrels per day, which is also the approximate global spare capacity at this time. How long will it take for crude oil prices to rebound? That’s hard to say, but I do expect North American and Australian LNG to be more competitive in the future than they are today.

Conclusion

Those who were hoping for immediate gratification from LNG investments have surely been disappointed over the last year. The ‘Golden Age’ of LNG has been pushed away for a couple years. For the patient investor, my one long-term recommendation for this sector is GasLog (NYSE:GLOG). GasLog is an independent LNG shipper and, importantly, many of its new-build ships do not come available until 2016 or 2017. Hopefully things will be better by then. As a small company with an ambitious growth plan, I believe GasLog is the best-situated of the LNG shippers.

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Solar & Wind Power Prices Often Lower Than Fossil Fuel Power Prices | CleanTechnica

Solar & Wind Power Prices Often Lower Than Fossil Fuel Power Prices

viaSolar & Wind Power Prices Often Lower Than Fossil Fuel Power Prices | CleanTechnica.

By Bob Wallace & Zachary Shahan


 

Wind and solar electricity have become some of our least expensive ways to generate electricity in several markets around the world.

Wind is now the cheapest way to bring new electricity generation to the grid in the US as well as many other countries. Solar PV costs are rapidly dropping and solar is expected to join wind over the next few years. Furthermore, low-cost utility-scale solar is already beating out all other sources of electricity in some bidding processes, and home solar power beats the price of retail electricity (on average) in many markets.

 

Feel free to copy the above paragraph & link and use in response to claims that wind and solar are too expensive.

 

For responses to other anti-cleantech myths, see: Anti-Cleantech Myths Debunked (Your #1 Resource).

 


 

This is the first in a series of resource papers we intend to publish. We are attempting to pull the best information together on several topics and present it in a way that is understandable.  

 

We intend to update these pages as new information appears and make the main summary page the ‘go to’ place to keep up with important issues concerning renewable energy, efficiency, and electric vehicles.  And this is where you, the reader, come in.

 

We intend for this project to be a community-driven project. Use the comment section below the article to add corrections and new/better data. If you think the article has become out of date, then use “Reply” to post a request for an update. We’ll see it.

 

If you see someone on any site make a claim you think is wrong, feel free to copy over the summary and link as your reply or part of your reply to that person.

 


 

Before diving into specifics, let’s get the requisite context on subsidies out of the way: Some of the information below presents the price after subsidy, while some presents unsubsidized prices (we try to make it very clear in all cases if subsidies are included or not). Wind and solar subsidies are very simple and clear. Fossil fuels, however, get many subsidies that are now baked into the tax code or “hidden” in other ways. Furthermore, the biggest fossil fuel subsidies are the externalities that we pay through health problems and early death. These extra societal costs are huge, and in a “perfect free market” would be internalized by fossil fuel companies, but they are not.

 

One study conducted by the then-head of the Harvard Medical School found that the extra health and environmental costs of coal in the US comes to $500 billion/year.  Health costs alone run between $140 billion and $242 billion every year. That means that we are paying between 9 cents and 15 cents per kWh in tax and health premium dollars for every kWh of electricity we generate using coal.

 

Ignoring those massive externalities/subsidies for fossil fuels (which no one in their right mind should do), let’s dive into a fun look at the numbers.

 

Levelized Cost of Electricity (LCOE) is often used in the electricity industry when discussing price. It is generally the estimated price of electricity coming from power plants when taking into account capital costs, operation and maintenance costs, performance, and fuel costs. A recent study from Lazard shows that wind power and solar power are already cost-competitive with all other sources of electricity when it comes to LCOE:

 

solar power cost

 

Another way to examine prices is by looking at prices agreed upon in power purchase agreements (PPAs).

 

Power purchase agreements (PPAs) are contracts between sellers (wind farms, solar farms, etc.) and buyers (utility companies, large businesses, etc.) in which the seller agrees to provide a fixed amount of electricity per year and the buyer guarantees to pay an agreed upon price. PPAs typically run for 20 to 25 years.

 

Wind power, on average, sold for 2.5¢ per kilowatt-hour in the US in 2013, when looking at PPA prices (2014 numbers are due to come out this week). That’s the average for all reported PPAs, which means they’re a bit under 4¢ per kilowatt-hour without subsidies. These super-low prices are extremely hard to beat, and demonstrate why so much of the electricity generation capacity added in the past few years has come from wind power plants.

 

wind power prices

 

Solar PV power prices vary a lot, based on region, size of the project, type of technology, and other factors, but we’re already seeing solar PV projects win PPAs where the promised electricity is cheaper than electricity from new natural gas, coal, or nuclear power plants.

 

Solar prices are still dropping very rapidly. Below, we’re going to look at “best current prices,” as they should be representative of what is possible and even likely in the near future. One can find more expensive examples, but the market will not support the more expensive, it will continue to seek out the least expensive.

 

In Austin, a SunEdison power plant won a PPA to sell Austin Energy electricity for less than 5¢/kWh. Federal subsidy would come to ~ 2¢/kWh, which is much lower than then the estimated 9–27¢/kWh in health costs that coal brings us, and I would presume less than the health and environmental costs of natural gas (but I haven’t seen a thorough analysis on that) — and that’s not even taking into account their own subsidies. (Note that Austin Energy has now designated solar power as its default energy generation method through 2024.)

 

In New Mexico, in 2013, a First Solar* power plant won a PPA with a price of 5.8¢/kWh, while new coal was going for 10–14¢/kWh. That 5.8¢/kWh price doesn’t take into account ~4.7¢/kWh of subsidies, but, again, the coal price doesn’t take into account 9–27¢/kWh in health costs.

 

In Dubai (in the UAE), ACWA Power bid just 5.98¢/kWh to provide electricity from a solar power to the Dubai Electricity & Water Authority (DEWA) — without subsidy. That was a world record low bid, but even if ACWA Power didn’t exist, the record would have been broken by the second-lowest bid, which was 6.13¢/kWh and came from Fotowatio Renewables & Saudi Abdul Latif Jameel Energy. Both bids came well below the average price of electricity from natural gas in the region, 9¢/kWh.

 

Lastly, while we didn’t get to see any numbers on a Minnesota case, a judge ruled that a solar power plant there offered a better deal for ratepayers than several competing natural gas power plants.

 

levelized wind ppa prices

 


 

Price predictability or risk is another important issue to consider. Solar power plants and wind power plants don’t have fuel costs, of course, and have very little maintenance and operation costs. Their big costs are right up front, which makes predicting prices for a PPA very easy. Coal power and natural gas power prices, on the other hand, can vary a great deal depending on the cost of the fuel. In the gas of natural gas, price volatility is particularly strong. This makes the projects (and basing electricity generation decisions on them) quite risky, financially.

 

While not often discussed, this is one more thing that makes solar or wind power a smarter financial decision. Utilities value the ability to predict future prices. Doing so makes it easier for them to set rates. Some are signing solar and wind PPAs in order to lock in stable prices over time.

 

Retail power prices ≠ wholesale power prices. The above discussion is all about wholesale power. Utility-scale solar power plants produce electricity at a lower cost than rooftop solar power systems (thanks to economies of scale), but the difference is generally not as wide as the difference between retail and wholesale electricity prices. That means that rooftop solar power is cheaper than retail electricity from your “friendly neighborhood utility” (sarcasm) in even more places than utility-scale solar power beats other options on the wholesale electricity market. On average, rooftop solar power has hit “socket parity” or “grid parity” in Germany, the Netherlands, Italy, Australia, Hawaii, California, Arizona, and several other countries and US states.

 

Even though a utility can typically generate or purchase solar electricity for less than end-users can generate it, the utility has distribution costs that turn their wholesale costs into retail costs. Furthermore, it is looking to earn a good profit on its customers. Again, these are some of the reasons rooftop solar power is cheaper than retail electricity for tens or even hundreds of millions of people.

 

Deutsche Bank actually predicts that all 50 US states will be at grid parity by 2016 — that’s next year. (Note that it takes several years to build coal, natural gas, or nuclear power plants.) Deutsche Bank also predicts that ~80% of the global electricity market will be at grid parity by 2017. This is why solar power is scaring coal companies, natural gas companies, and utilities so much, and why you see so many anti-solar myths out there being repeated over and over again… despite being several years out of date.

 

solar socket parity california germany australia netherlands italy DB-countries-grid-parity-590x411

 

If you have a price of solar in your head from 5–10 years ago, it is probably several times higher than reality. But now that you’ve read through this article, you should have a much better sense for the current cost of solar power (and wind power as well). Be sure to help educate others by sharing with friends!

 

*Full Disclosure: I’m long FSLR.

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How Much Water Does The Energy Sector Use?

How Much Water Does The Energy Sector Use?

viaHow Much Water Does The Energy Sector Use?.

By Nick Cunningham
Posted on Mon, 13 April 2015 20:48 | 0

 

Water and energy have a symbiotic relationship. Energy is needed to move water to people and businesses. Water, in turn, is necessary to produce energy.

 

Of course, different types of energy require varying levels of water use. Take electricity generation as an example. For the United States, electricity generation in 2014 came from the following sources: 38 percent from coal, 27 percent from natural gas, 19.5 percent from nuclear, 6 percent from hydropower, close to 7 percent from non-hydro renewables, and the remainder from a collection of smaller sources.

 

 

But those sources of electricity use water at very different rates. The chart below, using data from a new report from the U.S. Geological Survey, details how water intensive electricity generation is, measured in liters of water needed to generate one kilowatt-hour of electricity.

 

Related: What’s Really Behind The U.S Crude Oil Build

 

One significant factor that determines the ultimate volume of water a power plant needs is its cooling system. Most conventional power plants use either a “once-through” system or a cooling “tower.” A once-through system pulls water from a river or a lake, cycles the water through the power plant to help generate electricity, and then discharges it back into the environment. In contrast, a tower recirculates the water instead of discharging it. But towers end up using 30 to 70 percent more water because the water ends up being lost through evaporation, whereas the once-through system returns the water to the river or lake.

 

 

However, it should be noted that once-through systems likely have higher levels of consumption than can be measured, because the higher temperature for the discharged water raises the temperature of the river, resulting in higher evaporation downstream that isn’t accounted for.

 

Related: Top 12 Media Myths On Oil Prices

 

Because returning hotter water back into a river can have harmful effects on plant and wildlife, federal regulations beginning in the 1970’s have ensured that most modern power plants use towers.

 

Based on the data, nuclear power and natural gas steam generation uses the most water to generate a single kilowatt-hour of electricity. Natural gas uses quite a bit of water in the drilling phase (see: fracking), which makes it more water-intensive than coal. But natural gas combined-cycle (CC) plants are much more efficient.

 

Nuclear power has some unique water needs that other sources do not. Aside from power generation, nuclear plants must use a lot of water to keep spent fuel rods from overheating. Fuel rods sit in pools of water for years in order to cool down. Still, while coal uses less water on a per-kilowatt-hour basis, it accounts for a higher share of the electricity market, so it uses more overall water than nuclear or natural gas.

 

Biomass, although not a large source of electricity, is also water-intensive. That is because in addition to generating power, water must go into growing the crops. Hydropower, as its name suggests, is relatively water-intensive as well.

 

Related: How Much Longer Can OPEC Hold Out?

 

Wind and solar photovoltaics stand alone as sources of electricity that use negligible levels of water to generate electricity.

 

Water use is rarely the top concern for utilities when they are building new power plants. But that will likely change, at least in areas that are seeing water availability shrink and temperatures rise.

 

For example, in 2011 Texas suffered through its worst drought on record with 100 days of temperatures in the triple digits. Higher temperatures increased electricity demand by 6 percent and water demand by 9 percent. With reservoirs running low, Texas was forced to build a water pipeline to find a new source of water for the Luminant coal-fired power plant to stay online. Or look at the Browns Ferry Nuclear Power Plant in Alabama, which had to curtail generation several times between 2007 and 2011 because temperatures in the Tennessee River exceeded federal limits.

 

Or look to California, where the ongoing drought has reached a crisis point. San Diego is looking to the Pacific for water. The $1 billion Carlsbad Desalination Project aims to produce 50 million gallons of fresh water per day from the seas, enough to supply water for 300,000 people. That could ease the water problems for the SoCal city. But desalination plants will also require a lot of energy. The Carlsbad Desalination Project will run on natural gas.

By Nick Cunningham Of Oilprice.com

Une batterie en aluminium flexible, rechargeable en moins d’une minute ! > Technologie – Enerzine.com

Une batterie en aluminium flexible, rechargeable en moins d’une minute !

viaUne batterie en aluminium flexible, rechargeable en moins d’une minute ! > Technologie – Enerzine.com.

Des scientifiques de l’Université de Stanford ont conçu la première batterie en aluminium à charge rapide, durable et économique. Cette nouvelle technologie offrirait une alternative sûre aux nombreuses batteries largement commercialisées aujourd’hui. « Nous avons développé une batterie en aluminium rechargeable capable de remplacer les dispositifs de stockage existants, tels que les piles alcalines, mauvaises pour l’environnement, et les batteries lithium-ion, qui, parfois, prennent feu« , a déclaré Hongjie Dai, professeur de chimie à Stanford. « Notre nouvelle batterie ne s’enflamme pas, même si vous la percer. »

L’aluminium a longtemps été un matériau intéressant pour les batteries, principalement en raison de sa capacité de stockage à faible coût, sa faible inflammabilité et sa charge élevée. Pendant des décennies, les chercheurs ont tenté en vain de développer une batterie en aluminium-ion, commercialement viable. L’un des défis majeurs était de trouver des matériaux capables de produire une tension suffisante après des cycles répétés, de charge et de décharge.

Une cathode en graphite

Une batterie ion-aluminium est constituée de deux électrodes : une anode chargée négativement en aluminium et une cathode chargée positivement.

« Les chercheurs ont essayé différents types de matériaux pour la cathode, » a ajouté le Pr. Dai. « Nous avons découvert de façon accidentelle que la solution la plus simple était d’utiliser le graphite, un élément essentiellement composé de carbone. Dans notre étude, nous avons identifié divers matériaux de graphite qui donnaient de très bons résultats. »

Concernant la batterie expérimentale, l’équipe de Stanford a associé l’anode d’aluminium et la cathode de graphite avec un électrolyte liquide ionique, placée à l’intérieur d’une poche souple en polymère. « L’électrolyte est essentiellement un sel, liquide à température ambiante, et donc très sûr« , a déclaré Ming Gong, co-auteur principal de l’étude.

« Les batteries en aluminium sont plus sûres que les batteries lithium-ion classiques utilisées dans des millions de portables et de téléphones« , a ajouté Hongjie Dai. « Les batteries au lithium-ion peuvent engendrer un risque d’incendie. » A titre d’exemple, il a souligné les récentes décisions des compagnies aériennes, comme United et Delta Airlines, d’interdire l’embarquement de batteries au lithium en soute dans des avions commerciaux.

« Dans notre étude, des vidéos montrent que si vous percez l’enveloppe de la batterie d’aluminium, elle continuera de fonctionner un peu plus longtemps, sans prendre feu, pour autant« , a affirmé Hongjie Dai. « Mais les batteries au lithium peuvent également flancher de manière imprévisible – dans la voiture ou dans votre poche ; En plus de la sécurité, nous avons réalisé d’importants progrès dans les performances de la batterie en aluminium. »

Un exemple est leur chargement ultra-rapide. Les propriétaires de smartphone savent qu’il faut des heures pour charger une batterie au lithium-ion. L’équipe de Stanford a confirmé un « temps de charge sans précédent » sous la minute avec le prototype en aluminium.

Enfin, la durabilité est un autre facteur important. Les batteries d’aluminium développées dans d’autres laboratoires sont généralement usées après seulement 100 cycles de charge-décharge. Celle de Stanford est capable de résister à plus de 7.500 cycles sans aucune perte de capacité. « C’était la première fois qu’une batterie aluminium-ion ultra-rapide était développée avec une telle stabilité sur des milliers de cycles« , ont souligné les auteurs. Par comparaison, une batterie lithium-ion typique dure environ 1.000 cycles.

« Une autre caractéristique de la batterie de l’aluminium est la flexibilité« , a précisé Ming Gong. « Vous pouvez la plier et la plier encore, elle possède donc le potentiel pour une utilisation dans des dispositifs électroniques flexibles. L’aluminium est également un métal moins cher que le lithium. »

Les applications

En plus des petits appareils électroniques, les batteries d’aluminium peuvent être utilisées pour stocker de l’énergie renouvelable sur le réseau électrique. « Le réseau a besoin d’une batterie à longue durée de vie en mesure de stocker et de libérer rapidement de l’énergie, » a expliqué Hongjie Dai. « Nos dernières données non publiées suggèrent qu’une batterie en aluminium peut être rechargée des dizaines de milliers de fois. C’est difficile d’imaginer la construction d’une énorme batterie lithium-ion pour un stockage sur réseau. »

La technologie aluminium-ion offre aussi une alternative écologique aux piles alcalines jetables. « Des millions de consommateurs utilisent des piles AA et AAA, de 1,5 volts (…) Notre batterie rechargeable en aluminium génère environ deux volts d’électricité. C’est plus que n’importe lesquelles réalisées avec de l’aluminium » a t-il ajouté.

Toutefois, d’autres améliorations seront nécessaires pour atteindre la tension des batteries lithium-ion. « Notre batterie produit environ la moitié de la tension d’une batterie typique au lithium, » a t-il précisé. « Mais l’amélioration de la cathode pourrait éventuellement faire augmenter la tension et la densité énergétique. Sinon, notre batterie possède tout ce que vous avez jamais rêvé : des électrodes bon marché, une bonne sécurité, une recharge à grande vitesse, de la flexibilité et une longue durée de vie. »

 

Plus d’infos
http://roulezelectrique.com/la-nouvelle … ectriques/

Densité énergétique: 40 Wh/kg, contre 240 pour les meilleurs Li-ion… on est encore loin du compte c’est sûr.

Pour les téléphones portables et les voitures c’est pas (encore) intéressant, pour du stockage d’EnR peut-être.

Par contre s’ils arrivent à en faire une à la fois à forte capacité et à charge rapide, ça révolutionnerait tout: aujourd’hui le pb des voitures électriques n’est pas tellement de devoir s’arrêter tous les 200 km (de toutes façons c’est bien de faire des pauses) mais de devoir attendre 3h pour repartir!

Elecktrix

Invité
Hier 14:52:31

Aluminium et lithium
L’usage de l’aluminium pour batteries(mais ailleurs que dans les voitures électrique)libèrera d’importantes quantité de lithium pour les batteries des voitures électriques,forts bienvenues(tout ce lithium orienté vers les VE).

En plus les nouvelles batteries lithium-soufre qui vont sortir dans le commerce d’ici 1 à 2 ans,pour les voitures électriques auront une densité énergétique de 400 Wh/kg,contre 240 pour les meilleurs Li-ion actuelles. Leur autonomie sera multiplié par 1,66. Ainsi un véhicule genre Tesla 85 S passera de 400 km à 664 km d’autonomie.Et un VE,plus classique de 240 km d’autonomie passera à 398 km d’autonomie.

Ça changera vraiment,positivement la donne,en faveur du VE.Et c’est pour dans 1 an ou 2 ans maximum.Voir le lien donné par Blu.

En résumé:L’aluminium libère du lithium qui sera consacré prioritairement aux VE.